Une tribune, une soif commune d'expression.

21 octobre 2010

La Coalition prétendue séparatiste

Si vous me permettez de vous servir un peu de réchauffé, voici un article politique que j'avais rédigé lors des pourparlers de coalition survenus en décembre 2008. Destinés à mes concitoyens, l'article original était en anglais mais je vous offre aujourd'hui ma traduction. Le propos reste toujours d'actualité avec l'ère de gouvernement minoritaire et l'apparition d'un gouvernement de coalition au Royaume-Uni.
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(Photo : Bruno Menetrier)
Les Rocheuses, l'idéalisation candide du Canada hors-Québec
depuis les cris du cœur du premier ministre Chrétien.
À nos chers amis du ROC (Rest of Canada),

Suite au dépôt de sa mise à jour économique, le second gouvernement minoritaire de Stephen Harper fait face à un péril bien peu fréquent dans l'histoire canadienne. Les partis d'opposition sont prêts à se rassembler sous l'égide de Stéphane Dion pour tirer un gouvernement de coalition de la 40e législature fédérale.

Cet hypothétique ministère Dion serait formés de libéraux et de néo-démocrates. Le Bloc Québécois (souverainiste) assure qu'il soutiendrait la coalition pour au moins 18 mois même sans participation directe au gouvernement.

Plusieurs de mes compatriotes, du plus humble citoyen au premier ministre lui-même ont qualité cette possibilité de «délit de démocratie». Puisqu'une pluralité de Canadiens ont voté pour le parti conservateur, notre tradition constitutionnelle lui permet de former le gouvernement. À partir de là, ils sont d'avis qu'une nouvelle coalition devrait être consacré par les urnes avant d'entrer en fonction. Sinon, cette dernière s'emparerait d'un pouvoir illégitime. Voyons cela plus en avant.

(Photo de presse)
La troïka du stolen goverment selon Stephen Harper.
Pour commencer, combien d'entre vous sont au fait que Stephen Harper n'est notre chef d'État, mais simplement le chef du gouvernement ? Plusieurs, je ne saurais en douter. En fait, la gouverneure générale n'a pas de réels pouvoirs, et cette crise ne devrait pas lui en donner. Cependant, comme elle incarne la permanence de l'État, elle peut nommer le chef du gouvernement. Normalement, il s'agit du leader du parti disposant du plus grand nombre de sièges aux Communes. Pourquoi ? En raison d'un petit détail que nous semblons tous oublier ces derniers jours. Le gouvernement responsable. L'exécutif doit avoir l'approbation de la Chambre des Communes pour se maintenir au pouvoir. Nous permettons traditionnellement au parti disposant du plus grand nombre de sièges le soin de former le gouvernement parce qu'il s'agit du meilleur moyen de garantir le soutien des Communes. La plupart du temps, ce parti dispose d'une majorité des sièges, ce qui simplifie un tant soit peu les choses.

Autrement dit, la moitié des 308 membres des Communes pensent que vous devriez relever le défi ? Félicitations ! Vous êtes premier ministre du Canada ! Pour être plus réaliste, tant qu'il n'y a plus de la moitié des 307 députés (le président de la Chambre ne votant qu'en cas d'égalité) qui veulent vous mettre à la porte, vous demeurez aux commandes. Ceci dit (et voici l'astuce), les Canadiens ne se sont pas seulement choisi un gouvernement lors de la 40e élection générale, ils ont également désigné une toute nouvelle Chambre des Communes pour veiller sur leurs intérêts. Ah, quelle merveille que la démocratie représentative ! Voyons les chiffres : 

Étiquette
Sièges
(Communes)
Votes
(%)
Conservateurs
143
37.65
Libéraux
77
26.25
Bloquistes
49
9.98
Néo-démocrates
37
18.20
Autres
2
0.65
Source : Radio-Canada

Ainsi donc, plus de 55% des Canadiens ne voulait pas de Stephen Harper comme premier ministre, puisqu'ils sont votés pour d'autres partis. Nous pourrions alors parler d'un délit de démocratie, mais cela ne nous mènerait nulle part. Maintenant, si presque deux Canadiens sur trois ont boudé Stéphane Dion, les soutiens totaux de sa coalition représente une majorité absolue des Canadiens. Toutes ces filles et ces gars ont été élus par des gens d'un océan à l'autre (même les méchantes et méchants séparatistes) au cours d'une élection démocratique. Avec 163 députés derrière lui, Stéphane Dion serait le premier ministre le plus solide depuis 2004. Pas seulement en terme de sièges, mais également de vote populaire (54.43%). En fait, les appuis combinés d'un hypothétique gouvernement Dion libéral/néo-démocrate serait les plus légitime depuis le premier ministère Mulroney (1984-1988).

En conclusion, tous les députés ont été choisis par des Canadiens, et tout gouvernement se devrait d'obtenir leur confiance. Voyons ce que Dion arrive à faire. Pour dire le vrai, je suis un membre du Bloc Québécois, et si les Canadiens pensent vraiment que nous, souverainistes, considérons que de porter au pouvoir Stéphane Dion (Monsieur Clarté) fait partie de notre sombre conspiration séparatiste, ils ont vachement tort. Pour une fois, le Bloc tente d'agir comme un bon parti fédéral canadien en tentant d'apporter la stabilité aux Communes plutôt que de se borner à défendre les intérêts du Québec. Nous avons essayé d'aider l'état canadien (plutôt que de tenter de s'en défaire), et tout ce que nous avons eu, c'est une campagne de salissage (et un chausson avec ça).

Fait à Montréal, le 3.XII.2008
Vincent, citoyen canadien


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Illustration : André-Philippe Côté
Le Bonhomme Carnaval est furieux que je recommande la
lecture d'un article du magazine Maclean's
Pour lire des récits de fonds entourant la coalition morte-née de 2008-2009, je vous recommande les articles du Maclean's ainsi que la chronique du négociateur néo-démocrate Brian Topp.

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