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6 juin 2011

Souffrir pour être belle

Départ sur les chapeaux de roue pour la semaine politique : Trois députés hautement ministrable de l'aile parlementaire péquiste décident qu'il n'est plus dans le sens de leur conviction de siéger comme péquiste à l'Assemblée nationale. La nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans les médias, jette un pavé dans la mare déjà sérieusement trouble de l'agenda autocratique du maire Labeaume et doit avoir déclenché un tsunami dans la blogosphère souverainiste et politique québécois (je m'en suis gardé avant d'avoir moi-même fait ma sortie sur le sujet).


Voilà la nouvelle donne, Pauline Marois devra, pour la semaine du moins, nous verrons pour la suite, composer avec un caucus dans Beaudoin, Curzi et Lapointe. Le Parti Québécois est maintenant fort embarrassé car son pari électoral pour la région de Québec devient un monumental gouffre où menace de disparaître tout le capital de politique de «parti de la pureté» que, foulard blanc à l'appui, la grande formation indépendantiste et - jusqu'à preuve du contraire - premier parti d'opposition avait mis la dernière année à bâtir. Je réglerai très succinctement la question du fond de cette loi. Tout d'abord, la synthèse réalisée par le Parti Québécois lui-même sur la question est très complète et, bien que teintée de la position péquiste, plutôt franche. Ensuite, je crois à une certaine sagesse populaire, avec le niveau de soupçons actuel autours de la tractation qui cherche à être protégée par le projet de loi 204, l'avis défavorable du Barreau sur la chose et le tollé de l'opinion publique, il semble y avoir quelque chose de pourri au royaume de Québec, alors il est vain de se faire les chevaliers d'une cause probablement perdue d'avance.

Une démission-spectacle pour protester contre la chefferie du
Parti Québécois, on se demande d'où l'inspiration peut venir !
Ceci dit, le geste de rupture posé par trois députés péquiste ce lundi cause déjà du tort au PQ. Après l'effondrement parlementaire du Bloc, voilà une tuile de plus pour le mouvement souverainiste. La chef du Parti Québécois s'est d'ailleurs empressée de le dire et de le redire. Malgré son appui indéfectible à l'Indépendance nationale, je doute qu'il soit de bon ton de se draper dans le dogmatisme : la nécessité d'un grand parti souverainiste prospère et prenant le pouvoir est une condition sine qua non de l'Indépendance, mais pas un chèque en blanc. Mais alors, quelle est la marche à suivre pour dénouer l'impasse ?

Le changement est la forme de capital politique  qui sera la plus puissante à la prochaine élection générale. La principale planche de salut du Parti Québécois est de jouer entièrement et sans complexe la carte du changement. D'être le seul parti d'opposition qui saura être à la fois :  le dépositaire fiable de l'espoir de changement de l'électorat et le digne fournisseur d'une équipe ministérielle rompue à la gouverne de l'État et indéniablement capable de piloter le changement promis et de faire prévaloir le bien de la Nation. Il a l'avantage de l'expérience sur Québec Solidaire et l'ADQ, mais la bataille sera rude contre le mouvement de Legault, surtout si le PQ ne parvient pas à se démarquer sur le tableau du changement, une belle occasion ratée pour le moment (l'avenir nous dira s'il s'agissait de vision ou de mauvais calcul).

 Cessons nos luttes fraticides [...] il faut s'unir. Je périphrase ici Honoré Mercier, premier chef de gouvernement nationaliste du Québec. Malgré la fonte de la députation souverainiste dans la capitale fédérale, les femmes et les hommes qui sont attachés au Québec et qui portent dans leur coeur l'espérance de voir leur Nation obtenir sa pleine liberté, hé bien, ces gens sont nombreux. Hélas, ses forces vives sont divisées en plusieurs associations, mouvances militantes, forces politiques. L'Indépendance se fera par vraisemblablement pas référendum. Quoi qu'il en soit, il faut pour cela que des indépendantistes forment le gouvernement à Québec et pour cela, il faut une unité d'action. Toute personne ne favorisant pas cet état de fait contribue à lui nuire, de la même façon que le nouveau mouvement de Legault et de facto fédéraliste en refusant d'être souverainiste. Cela vaut pour les dirigeants de groupuscules patriotiques qui se confondent en querelle de clocher, mais cela vaut également pour la chef du Parti Québécois et un entourage qui rêve peut-être un peu trop de confortables postes d'éminence grise gouvernementale...

En mon âme et conscience et en ma connaissance actuelle des faits, je comprends la nécessité de la démission de Louise Beaudoin, Pierre Curzi et Lisette Lapointe. Bien que cette dernière mène depuis des mois une cabbale contre la gouvernance souverainiste de Marois, il s'agit de davantage qu'un autre chapitre de la lutte entre l'aile dure et l'aile modéré du PQ, il s'agit d'un choc qui devra, en l'aiguillant en plein coeur, empêcher le Parti Québécois de déguiser l'électoralisme en réforme. Bref, le contraindre à se montrer à la hauteur des idéaux dont ils jurent d'accompagner l'Indépendance nationale.

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